Un fondateur : Le Père Gustave Fabre
Un vrai Aveyronnais, au fort tempérament ! Il fallait bien cela pour s’engager dans la fondation d’une maison chrétienne dans ce faubourg où le prêtre se faisait habituellement « couaquer », traiter de « corbeau »... Il fallait bien cela pour entreprendre sans un sou, une aventure d’éducation qui allait en demander ! Le fondateur était alors âgé de 43 ans.
Cet Aveyronnais avait aussi une foi à soulever les montagnes de doute et d’hésitation. À Félix GALEN qui fut, parmi les étudiants, le premier président du Patronage, et lui avait tout d’abord fait bien des objections, il répondit un jour : « Je n’ai pas le sou, mais toi tu n’as pas la foi ! »...
Un local fut vite trouvé là où se trouve encore La Maisonnée : au 43 rue du Fg Figuerolles ; La propriétaire, Mme MARIOGE, fut heureuse de le mettre à la disposition de cette belle œuvre. Le 19 Mars 1907, fête de Saint Joseph, le bail fut signé et le chef de la Sainte Famille fut choisi comme patron et protecteur du Patronage, il ne cesse, depuis, de veiller sur lui.
Le Dimanche 28 Avril 1907, les portes du « 43 » s’ouvraient à la cinquantaine d’enfants qui se présentèrent... elles ne se sont jamais refermées depuis à l’accueil des jeunes, le P. FABRE dirigeant la maison de main de maître jusqu’en 1935. Dix-huit ans après, en 1953, il retournait à la Maison du Père à la fin d’une vie toute de dévouement.
L’Acte de Naissance
On peut dire que « La Maisonnée » (qui s’appelait à ses débuts « L’Enclos, le Patronage Saint-Joseph ») est un fruit direct et inattendu de la loi de 1905 séparant les Églises de l’État et de la loi contre les ordres religieux. Les Congrégations avaient dû fermer leurs établissements scolaires (et, théoriquement, fuir la France) : il y avait donc urgence à multiplier d’autres formules d’accueil et d’éducation humaine et chrétienne de la jeunesse. Cette époque vit donc la floraison des « patronages ».
Le futur fondateur, le Père Gustave FABRE, jésuite qui avait réussi à demeurer à Montpellier, réunissait régulièrement de jeunes anciens élèves du Collège de Rondelet que la Compagnie de Jésus s’était vue « rafler » par l’État. Il poursuivait auprès d’eux un apostolat de réflexion religieuse, d’aide aux études et d’éveil à l’action sociale. Il n’imaginait nullement diriger un jour un « patro », d’autant plus qu’il y en avait déjà de nombreux à Montpellier (Les Pères de Timon-David avaient eux-mêmes à cette époque, une « Œuvre de Jeunesse » à la rue Bonnard. Fondée en 1889, elle sera remise aux Assomptionnistes en 1912).
Le P. Fabre disait sa messe chaque matin, à l’église Ste-Eulalie... Et voilà qu’un jour des premiers mois de 1907, le Curé de cette paroisse, le Chanoine COUVE lui demande d’employer quelques-uns de ses jeunes gens à l’animation d’un Patronage dans ce Faubourg Figuerolles qui était aux marges de sa paroisse. Faubourg où les enfants étaient livrés à eux-mêmes, c’est-à-dire à toutes les tentations de la rue.
Il n’en fallut pas plus pour que le Père se mette en recherche d’un local : l’œuvre était lancée...